EDITORIAL

Isabelle Carlier

 

À moins d’un mois du début de nos Rencontres Internationale Mondes Multiples, nous entrons dans un deuxième confinement. Celui-ci ne ressemble pas exactement au premier mais il a pour effet que nous devons tout transformer, repenser nos modes de diffusion, car il n’est pas question de tout annuler. Notre recours : Internet. Notre frustration, l’absence de contact physique et la mise à distance de beaucoup des artistes et partenaires qui étaient supposés venir. Quelques un-e-s seront là néanmoins, en résidence pour mener des ateliers à distance.

 

C’est donc en fin de l’année 2020, année pour le moins étrange, appelant à tout reconfigurer, que les Rencontres Mondes Multiples viennent succéder aux Rencontres Bandits-Mages, festival de création vidéo né en 1991. Reconfigurer, repenser, réinitialiser ne sont pas des moyens d’effacement mais des façons de porter un nouveau regard sur le passé pour imaginer et façonner un avenir. Travailler les archives, les morceaux qui traînent, les fragments disparates, les savoirs enfouis ou camouflés, pour imaginer son futur. Penser aussi avec la maladie, les blessures, les traumas en les considérant non pas comme des brisures à colmater mais comme un passage, une transformation avec laquelle il faut savoir construire. Voir et entendre un Monde Multiple ou des Mondes Multiples, c’est entrer dans un vortex fait de complexités que l’on a envie de décortiquer et avec lesquelles on veut irrésistiblement jouer, en apprenti-e-s sorcier-e-s ou apprenti-e-s scientifiques, en artistes en train de modeler un monde rêvé, une extension, un prolongement d’un héritage foisonnant de diverses trouvailles qui se sont croisées mille et une fois, sans forcément bien se rencontrer.

Ce sont des Rencontres multi-médias et multi-joueurs. Fabrique d’images et de corps. Et pour cette fois à 99% en ligne. Le 1% restant, vous l’aurez compris, est la métaphore des corps physiques qui sont au travail, qui seront malgré les gestes barrières dans l’espace commun de la création en commun. Aussi les pourcentages pourraient-ils s’inverser dans l’envers du décor.

Ces Rencontres s’appuient sur le travail des artistes en résidence, elles aussi menées à distance, à travers toute l’Europe grâce au programme EMAP (European Media Art Plateform).

EDITO ELU A LA CULTURE

EDITO ANTOINE REGUILLON

Les Rencontres multi-joeurs-euses situées sur la toute nouvelle multi-plaforme web du même nom officie des lancements et des croisements :
 
lancement de ce tout nouveau grand rendez-vous des Arts Visuels à Bourges, réunissant Antre Peaux et l’Ensa dans la conception d’une proposition ouverte à tous et toutes.
 
croisement de réseaux : Art::Labo, devenir.art, TSF et EMAP, réseaux des amoureux de la création multi-médias, un peu geeks*, un peu nerds*, et surtout prospectifs et imaginatifs.
 
lancement du programme Savoirs Silenciés de Julien Ribeiro, ou comment les archives minoritaires et spécifiquement celles de la lutte contre le VIH/sida nous racontent une histoire collective sur tous les êtres qui ont produit des savoirs et des techniques sans cesse marginalisées et effacées.
 
croisement de workshops DIY (do it yourself), à faire chez soi, arts et sciences, sonores et cinématographiques, activistes et hacktivistes, avec des artistes, des cinéastes et des étudiant-e-s désireux-euses de partager leur travail.
 
frottements virtuels mais sincères d’artistes, d’étudiant-e-s, de métiers de la création et de l’activisme. Ou comment créer un espace éminemment politique, c’est-à-dire expérimentant une vision du monde partagée et souhaitée.
 
lancement d’une Fabrique cinématographique, elle aussi Monde-s Multiple-s pédagogique et cabinet de curiosité audio-visuel. Elle aurait dû être dans un cinéma semi-remorque, sur la place Cujas, très centrale de la Ville de Bourges. Elle sera finalement pour cette fois-ci en ligne.
 
Pour reprendre une expression courante de la toile : Stay Tuned ! Nous serons connecté-e-s pour vous, vers vous et avec vous.