EDITO
Isabelle Carlier
À moins d’un mois du début de nos Rencontres Internationale Mondes Multiples, nous entrons dans un deuxième confinement. Celui-ci ne ressemble pas exactement au premier mais il a pour effet que nous devons tout transformer, repenser nos modes de diffusion, car il n’est pas question de tout annuler. Notre recours : Internet. Notre frustration, l’absence de contact physique et la mise à distance de beaucoup des artistes et partenaires qui étaient supposés venir. Quelques un-e-s seront là néanmoins, en résidence pour mener des ateliers à distance.
C’est donc en fin de l’année 2020, année pour le moins étrange, appelant à tout reconfigurer, que les Rencontres Mondes Multiples viennent succéder aux Rencontres Bandits-Mages, festival de création vidéo né en 1991. Reconfigurer, repenser, réinitialiser ne sont pas des moyens d’effacement mais des façons de porter un nouveau regard sur le passé pour imaginer et façonner un avenir. Travailler les archives, les morceaux qui traînent, les fragments disparates, les savoirs enfouis ou camouflés, pour imaginer son futur. Penser aussi avec la maladie, les blessures, les traumas en les considérant non pas comme des brisures à colmater mais comme un passage, une transformation avec laquelle il faut savoir construire. Voir et entendre un Monde Multiple ou des Mondes Multiples, c’est entrer dans un vortex fait de complexités que l’on a envie de décortiquer et avec lesquelles on veut irrésistiblement jouer, en apprenti-e-s sorcier-e-s ou apprenti-e-s scientifiques, en artistes en train de modeler un monde rêvé, une extension, un prolongement d’un héritage foisonnant de diverses trouvailles qui se sont croisées mille et une fois, sans forcément bien se rencontrer.