Langue des bois

  EXPOSITION

Exposition de Karine Bonneval et Shoï

Du 19 au 20 novembre 2022

Antre Peaux – Houlocène

Entrée libre

Ouvert de 15h à 19h

Se planter pour prendre le temps d’écouter l’oracle végétal.

 

Un tapis sert d’alcôve à trois ficus. Installé·es sur ce tapis, les pieds symboliquement plantés au sol, les spectateur·trices peuvent observer les réponses des arbres à différentes questions : des questions que l’on a envie de leur poser, sur eux, sur soi-même, sur ses relations. Les questions font vibrer les végétaux, d’une vibration propre à chaque individu végétal et à chaque question. Ce frissonnement, visible sur un écran face au tapis, est traduit en sons : c’est la « réponse » des arbres. Énigmatiques, les phonèmes émis constituent un langage potentiellement compréhensible par tous les êtres vivants. L’arbre devient oracle.

Edouardo Kohn écrit dans « Comment pensent les forêts » que la caractéristique du vivant est sa capacité à interpréter différentes catégories de signes. Puisque les mouvements de l’air sont utilisés et ressentis par les humain·es et les arbres, des outils pourraient-ils être créés puis utilisés comme des « traducteurs » de la parole humaine pour la retranscrire aux arbres ? Pour sentir dans les modulations de son bruissement ce que l’arbre veut « nous dire » ?

Langue des Bois est une proposition intérieure pour imaginer un dialogue inter-espèces, une forme expérimentale partielle et imparfaite. L’installation est avant tout un prétexte pour passer du temps en compagnie de végétaux, observer et écouter ce que produit une interaction potentielle avec eux. Le signal vibratoire envoyé à l’arbre n’assure pas une complète « réception » du sujet végétal. De même, la réaction et le système de transposition en réponse ne saurait satisfaire un être cartésien, interrogeant plutôt l’esprit libre et ouvert par sa poésie. Ainsi les coordonnées transposées en un flux sonore forment, plutôt qu’une réponse anthropomorphisée, un oracle, qui par définition reste obscur pour cellui qui vient l’écouter. Ce qui pourrait être la réponse de la plante aux interrogations de l’humain·e est un traducteur imparfait, une invitation à l’introspection.

 

Shoï

https://extrasystole-music.blogspot.com/

Shoï est un artiste musicien, vidéaste, plasticien, performeur et chercheur depuis 1987.

Hors norme, issu des musiques dites « industrielles », il a produit un condensé inédit d’œuvres en croisant les musiques électroniques et électroacoustiques, pour développer des rencontres créatrices de formes multimédias. Une trentaine de bandes-son, une douzaine de vidéos, près de six cents performances, des ciné-concerts, ainsi que des installations sonores souvent interactives, jalonnent son parcours. Il réalise des albums enregistrés en studio nommés « B.O. Imaginaires », des bandes-son de films qui n’existent pas… Les collaborations concerts et studio privilégient l’improvisation et la mise en situation. Elles lui sont déterminantes et prennent place dans un dispositif électronique et électroacoustique, original et évolutif personnel, permettant de s’adapter à des rencontres tant instrumentales qu’à de la danse Buto (trio Outre). Les sons se tissent, se contextualisent, s’infiltrent profondément chez les spectateur·trices pour devenir narratifs.

 

Karine Bonneval

https://www.karinebonneval.com/

Karine Bonneval propose à travers ses travaux des manières d’être au monde communes entre les végétaux et les humain·es, ce que Baptiste Morizot appelle une « diplomatie inter-espèces ».  Dans ses installations, le public est plongé dans un monde aux formes organiques et fictionnelles où les hybridations entre arts et sciences détournent parfois malicieusement la technologie pour proposer des pièces à l’esthétique née du fait main, du vernaculaire.  Son travail sur les plantes l’amène à construire des projets rhizomatiques qui impliquent des personnes de différents univers, botanistes, jardinier·es, cuisinier·es et habitant·es des lieux où elle est invitée à créer. En développant des projets pour respirer avec l’arbre, bouger avec les plantes, écouter la terre, l’artiste imagine des installations à expérimenter comme autant de traducteurs pour vivre un temps partagé avec les plantes, en dialogue avec l’air, le sol, la gravité.